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Se déplacer de ville en ville

Rangoon


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IMG_0150.JPG © Roger Price

 

Avec l’arrivée des Britanniques en 1886 et le rattachement du pays à l’Empire des Indes, Rangoon détrône Mandalay. La capitale quitte la haute Birmanie pour la région du delta de l’Ayeyarwaddy tandis que le roi Thibaw, déposé, se voit contraint à l’exil vers les Indes. Les Britanniques se rapprochent ainsi du « grenier à riz » qui fait la fortune économique du pays.

Inter titreRangoon

Rappel historique
C’est d’un modeste hameau de pêcheurs du nom d’Okkapala que naquit l’actuelle Rangoon. Tout commença à l’époque où la mer battait encore aux portes du village, bien avant que les alluvions charriées par l’Ayeyarwaddy et le fleuve Rangoon ne s’accumulent jusqu’à repousser les côtes maritimes à quelque 30 km de là. Lorsque le site fut élu pour accueillir Shwedagon et les reliques du Bouddha, le village, habité par les Môn, avait pris le nom de Dagon (« Shwedagon » signifie la Dagon d’or). Les premiers Européens découvrirent le site au XIVe siècle. Dagon ne prit réellement son essor qu’au XVIIIe siècle, lorsque le roi Alaungpaya mit un terme à la puissance de Syriam, sa voisine, sur l’autre rive du fleuve. Elevée au rang de capitale en 1948, au lendemain de l’Indépendance du pays, Rangoon conserva ce rôle jusqu’en 2006, avant d’être remplacée par Naypyidaw, à 400 km au nord, sur la route de Mandalay.

Shwedagon, la pagode des pagodes
Sur la colline Singuttura, à l’est du lac Kandawgyi. Ouvert de l’aube à 22 h. Entrée payante, droit supplémentaire pour les appareils photo et les caméras.
Au nord de la ville, Shwedagon veille sur la ville depuis les temps du Bouddha historique, il y a 2 500 ans, époque où deux marchands cherchaient un lieu idéal pour enchâsser les huit cheveux que le Bouddha en personne leur avait remis. Infiniment complexe, par les strates historiques et légendaires qui s’y entrelacent, par les richesses matérielles dont les donations successives l’ont fait bénéficier, par les symboles qu’elle recèle, cette pagode donne les clefs de la compréhension de toutes celles que l’on pourra visiter dans le pays.
Nombreux sont les visiteurs qui apprécient le lieu au crépuscule. Ceux qui auront le courage de se lever tôt jouiront d’une lumière tout aussi merveilleuse, et dans un calme complet.

Escaliers et échoppes 
Dotée de quatre escaliers d’accès gardés par d’imposantes statues de lions, ou d’ogres, à chacun des points cardinaux, la pagode a cédé aux attraits de la modernité : un Escalator à l’entrée ouest, un ascenseur aux parois vitrées côté sud.
L’escalier de l’entrée est, le plus fréquenté par les pèlerins, est bordé d’échoppes où l’on trouve artisanat traditionnel et bimbeloterie religieuse, poids en bronze et boîtes de laque, images pieuses et statues dorées du Bouddha ou des nats. En haut des marches se concentrent les boutiques vendant fleurs de lotus, bâtons d’encens et ombrelles de papier destinés aux offrandes.
Si l’on choisit l’entrée nord, après avoir déambulé parmi les boutiques religieuses vendant bols à aumône et vêtements monastiques dans les rues qui jouxtent la pagode, on échappera aux « guides » qui proposent leurs services à tout moment. La longue ascension à pied est interrompue par des paliers, d’où l’on peut s’échapper vers les jardins de la pagode cœur et les monastères qu’ils accueillent.

Stupa 
Avec son stupa couvert d’or, haut de près de 100 m, Shwedagon est le lieu le plus sacré pour les bouddhistes de Birmanie, voire pour nombre de croyants d’Asie du Sud-Est. Célébré par tous les voyageurs venus d’Europe, il fit l’admiration de Pierre Loti et de Norman Lewis. Shin Saw Pu resta dans l’histoire du XIVe siècle : celle qui fut quatre fois reine et passa son existence au sein des intrigues politiques des cours môn successives souhaita finir sa vie sous la protection des reliques de Shwedagon. Elle offrit 45 kg d’or, sous la forme d’une statue à son image pesant son propre poids, pour redorer le stupa de Shwedagon. L’or couvrant le stupa arriverait à un total de quelque 50 m3…

Ombrelle sacrée
C’est la mise en place de l’ombrelle qui consacre une pagode comme lieu de culte. En 1970, un séisme fit tomber l’ombrelle offerte par le roi Mindon en 1871 : de tout le pays, des donations privées arrivèrent pour orner le stupa d’une nouvelle ombrelle, et des joyaux dont elle devait être incrustée. L’ombrelle, où tintent des clochettes d’or et d’argent, est surmontée d’une girouette portant le drapeau bouddhiste et d’un globe de diamant recouvert d’or.

Dans le sens des aiguilles d’une montre
C’est en gardant toujours sur sa droite l’effigie du Bouddha ou tout objet sacré (en premier lieu le stupa, qui contient la chambre-reliquaire), que l’on visite une pagode. Shwedagon en montre mal l’exemple : les pèlerins, ici plus qu’en d’autres lieux de culte, respectent rarement le sens de la visite !
Dans le sens des aiguilles d’une montre, et en prenant l’escalier sud, on atteint la plate-forme devant la statue de Konagamana, l’un des trois bouddhas du passé, qui précédèrent sur terre l’arrivée de Gautama, le Bouddha historique. Dans un pavillon proche, 28 statues montrent les 28 incarnations du Bouddha sur les huit planètes reconnues. Plus loin, le monument aux Etudiants commémore la révolte indépendantiste de 1920. Un pavillon de style indien, d’origine arakanaise, jouxte un pavillon de style chinois : ces deux styles se retrouvent en plusieurs endroits de la plate-forme et montrent l’interférence de ces deux cultures sur le sol birman. Les différences dans la statuaire représentant le Bouddha témoignent également des variantes de l’interprétation religieuse.

Arbre de l’Eveil : Bodhi Tree 
A l’angle nord-ouest de la plate-forme, le stupa des huit jours, faisant se succéder les « piliers planétaires », se lit du sud vers l’ouest, puis vers le nord et l’est, c’est-à-dire dans le sens où l’on contourne une pagode, dans laquelle on entre par le sud, la direction cardinale correspondant au jour de naissance du Bouddha historique.

Autour du lac Kandawgyi 
Sur le « grand lac royal », la gigantesque copie (en béton) d’une barge royale en forme d’oiseau Karaweik regarde vers la pagode Shwedagon. Le lac est entouré d’un parc ombragé, propice à la promenade ou à la détente aux heures chaudes de l’après-midi. Au nord se dresse un mémorial au bogyoke Aung San, le leader de l’indépendance (1948). Au sud se trouvent le jardin zoologique et le muséum d’Histoire naturelle.

Un banian pour huit planètes

A défaut de connaître la date exacte de sa naissance, un bouddhiste en connaît le jour de la semaine, et vénère le Bouddha à travers l’animal tutélaire et sa planète protectrice. Autour du Bodhi Tree, « l’arbre de l’Eveil », présent dans le moindre sanctuaire, huit niches abritent huit statuettes de Bouddha, chacune dédiée à un jour de la semaine. Le mercredi matin (jour de naissance du Bouddha historique), orienté plein sud et placé sous le signe de la planète Mercure, a pour animal tutélaire l’éléphant à défenses ; passé 12 h (le mercredi est divisé en deux, le Bouddha étant né le matin), la journée est consacrée à la direction cardinale intermédiaire du nord-ouest, sous la protection de la planète Rahula (planète mythique de l’astrologie hindoue) et de l’éléphant sans défenses. La semaine suit ainsi : jeudi, vers l’ouest, Jupiter et le rat ; vendredi, vers le nord, Vénus et le cochon d’Inde ; samedi, vers le sud-ouest, Saturne et le serpent Naga ; dimanche, vers le nord-est, le Soleil et l’oiseau Galôn ; lundi, vers l’est, la Lune et le tigre ; mardi, vers le sud-est, Mars et le lion.

Musée national
66-74, Pyay Road. Ouvert de 10 h à 15 h sauf lundi et jours de fête nationale. Entrée payante.
Réparties sur cinq étages, les collections dressent un portrait du pays, du point de vue tant historique que religieux, ethnique et artistique. La visite constitue une bonne introduction culturelle au voyage. A voir : des documents épigraphiques donnant les premières sources scientifiques sur l’histoire la plus reculée, de nombreuses statues de l’époque des Pyu et de Pagan, des instruments de musique traditionnelle et des objets d’artisanat venus des quatre coins de Birmanie ainsi que des peintures birmanes contemporaines. Parmi les pièces les plus spectaculaires : le trône du Lion (c’était celui des deux derniers rois du pays), les meubles, armures et costumes d’apparat de la cour de Mandalay, sous les règnes de Mindon puis de Thibaw (fin du XIXe siècle), et la salle des bijoux royaux.

Pagode Kyaukhtat-gyi

Shwegondine Road, à 2 km au nord du lac Kandawgyi.
Entrée libre.
La pagode abrite un grand bouddha couché de 70 m de long. La statue d’origine, qui date de 1907, a souffert des aléas climatiques et dut être entièrement refaite dans les années 1960. Les pieds du bouddha portent, de façon très lisible, les 108 marques sacrées qui le distinguent du commun des mortels. Un panneau en anglais donne la signification de chacune de ces marques, que l’on retrouvera dans plusieurs autres pagodes du pays.

Suivez le guide !
Des voyantes et des astrologues tiennent consultation autour de la pagode Kyauk-htat-gyi. Profitez-en pour demander quel jour de la semaine vous êtes né(e). Dans chaque pagode, vous saurez désormais à quel angle de l’arbre banian déposer quelques fleurs et faire une petite prière.

Centre colonial
De la Dagon mise à l’honneur par Alaungpaya, les Britanniques firent, au XIXe siècle, une cité moderne aux artères tracées au cordeau et bordées de façades victoriennes. Le centre distille le charme décadent propre à ces villes colonisées sous les tropiques, celui d’une linéarité doucement corrompue par les végétations luxuriantes nourries des pluies de mousson, aux nobles façades décrépies et mangées de verdure.

Pagode Sule
Au croisement de Sule Pagoda Street et de Mahabandoola Street, à côté de l’hôtel de ville (City Hall). Ouvert de l’aube à 21 h ou 22 h. Entrée payante.
Comme la cathédrale Notre-Dame de Paris, Sule marque le point zéro de Rangoon, son centre géographique. Située à la jonction des grandes artères de circulation, la pagode est un havre de paix au milieu du vacarme automobile. Haut de 46 m, son stupa est couvert de plaques d’or et se dresse sur une plate-forme octogonale. Sule aurait été bâtie il y a quelque 2 000 ans, à l’époque où les moines Sona et Uttara revinrent d’Inde, porteurs des reliques du Bouddha. Sule, le « nat » qui donna son nom à la pagode, est plus ancien encore, puisqu’il aurait vécu au temps du Bouddha Kakusana, l’un des trois prédécesseurs du Bouddha historique (Bouddha Sakyamuni). Sule était jadis un ogre puissant, qui chassait les éléphants pour s’en nourrir. Un jour, dans sa quête de nourriture, il rencontra le Bouddha Kakusana et, la chasse ayant été infructueuse, décida d’en faire son repas. Kakusana parvint à l’en dissuader et le convertit à sa doctrine, faisant de lui l’un de ses fidèles dévots.
Tout autour de la pagode, au niveau de la rue, s’égrènent les échoppes de tailleurs de rubis (attention aux fausses pierres, difficiles à distinguer quand on n’est pas un gemmologue averti !), des astrologues et des… photographes-minute.

Pagode Botataung

Botataung Pagoda Road, au bord de la rivière Rangoon. Entrée payante. Droit supplémentaire à acquitter pour les appareils photo et vidéo.
Tout comme Sule, Botataung aurait été érigée il y a plus de 2 000 ans. « Bo Ta Taung », ce sont les « mille officiers » qui escortèrent les reliques depuis les Indes jusqu’à ce lieu où elles devaient être enchâssées. Mais l’histoire n’en conserve guère trace : la pagode fut entièrement détruite par un bombardement de la Royal Air Force en 1943, et les bâtiments que l’on voit aujourd’hui, bien que reconstruits selon les plans d’origine, datent tous de la seconde moitié du XXe siècle. A quelque chose malheur fut bon : en creusant de nouvelles fondations pour la pagode, on découvrit le trésor qui y avait été enchâssé lors de la première édification. Dans un petit lac artificiel s’épanouissent de fausses fleurs de lotus et vivent des tortues sacrées. Le franchissant, un pont conduit aux autels de trois nats : parmi eux, le « nat » qui préside au succès des études, représenté par une femme assise sur un oiseau Hintha, fit l’objet d’une vénération toute particulière ces dernières années, lorsque la junte, pour museler le courant prodémocratique qui prenait ses racines dans le milieu étudiant, décida de fermer du jour au lendemain toutes les universités du pays.
Botataung est l’une des rares pagodes où l’on puisse pénétrer à l’intérieur du stupa, et contempler la chambre des reliques. Mi-étoile, mi-labyrinthe initiatique, le couloir aménagé à l’intérieur du stupa est couvert d’une mosaïque de bris de miroirs. Tout au long, des vitrines protègent les donations qui furent faites à la pagode par les pèlerins, et certains des trésors retrouvés au lendemain de la guerre.
A l’extérieur de la pagode, un petit marché vend des ombrelles de papier, du jasmin, des fleurs de lotus et des noix de coco pour les offrandes.

Suivez le guide !
En face de la pagode Sule, les pelouses du jardin Mahabandoola vous attendent pour une pause lecture ou une discussion sur la suite du voyage.

Suivez le guide !
Au bout du marché, la jetée offre un agréable point de vue pour le coucher du soleil : lent trafic des bateaux de bois et mugissement des steamers pour plonger dans un monde d’un autre siècle…

Marché Bogyoke
Bogyoke Aung San Street, au croisement avec Shwedagon Pagoda Road. Ouvert de 10 h à 18 h sauf lundi et jours de fête nationale.
Construit par les Britanniques à la fin des années 1920, c’est le « marché du Général » (sous-entendu : Aung San). Les 2 000 boutiques qu’il abrite concentrent tout ce que le pays compte de richesses artisanales et économiques : vêtements traditionnels, jade, saphirs et rubis, bijoux d’or et d’argent, vannerie et bambous tressés, laques, marionnettes, antiquités, etc. Le marchandage y est de rigueur.